Féministes, album collectif publié aux éditions Vide Cocagne en janvier 2018. 136 pages. 17€. Lien.
Je pense que c’est en 2016 qu’est née au sein de Vide Cocagne l’idée de publier un opus de la collection « Soudain » sur le thème du féminisme. Au mois de janvier de cette année, aucune femme ne faisait partie de la sélection pour le Grand Prix d’Angoulême (alors que, pour rappel, les humains de sexe féminin représentent environ 50% de la population), et dans le courant de l’année, des autrices ont créé le collectif BD Égalité et publié en ligne des témoignages de sexiste ordinaire. Tout le monde était un peu embarrassé, parce qu’on pensait jusqu’alors que dans la bande dessinée, il n’y avait pas de méchants sexistes (spoiler : le sexisme est partout).
C’est dans cette ébullition autour de la question que Vide Cocagne a confié à Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, historienne et scénariste, la direction d’un collectif féministe. Au départ censée écrire une histoire que je ne comptais pas dessiner, je fus encouragée par Marie et Fabien Grolleau, éditeur chez Vide Cocagne, à me lancer également au dessin.
J’ai décidé de raconter mon rapport à la création musicale, ou pour vous le faire en résumé, pourquoi j’ai d’abord voulu sortir avec des musiciens pour faire de la musique avec eux, avant de me rendre compte que ce que je voulais vraiment c’était créer de la musique moi-même. Évidemment, Marie et Fabien avaient raison, et c’était bien plus cohérent de dessiner moi-même ce récit initiatique que de le confier à quelqu’un·e d’autre.
J’ai beaucoup souffert sur ces pages… Je n’avais jamais fait de bande dessinée, et j’avais là un récit qui me tenait à cœur à soutenir sur dix pages (appelées à être publiées aux côtés des travaux d’autrices plus expérimentées !). Le défi était beau et émancipateur, et j’ai heureusement pu être épaulée par mon compagnon Loïc, pourvoyeur de bons conseils et d’encouragements tout au long de cette galère. J’en ai tiré un peu plus de connaissance de mon fonctionnement : ainsi, au milieu du tunnel créatif, quand je ne vois pas encore la lumière poindre au loin et que je me demande ce que je fabrique là dans le noir, je peux m’appuyer sur le souvenir de cette expérience… « Tu es déjà passé par là, tu as déjà cru que tout était fichu, et tu as déjà réussi à trouver une issue ».
Comment dit-on déjà… ? « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »
J’ai du mal à aimer mon dessin dans cette bande dessinée, mais je suis fière d’avoir été jusqu’au bout, et je crois que mon récit tient la route et porte le message que je voulais transmettre. Pour le découvrir ainsi que tous les autres récits drôles, passionnants, bouleversants de ce livre, courez chez votre libraire et demandez « Féministes » de chez Vide Cocagne, dans la collection Soudain !