Chaque année, l’Institut Kervégan propose un concours de nouvelles ayant pour vocation d’imaginer les bouleversements majeurs à venir dans différents domaines. J’ai fait partie des lauréat·e·s en 2016 avec la nouvelle que vous pouvez lire ci-dessous, qui répondait au thème « Un bouleversement majeur à venir dans le monde du travail ». Il s’agit d’une dystopie où j’ai mis beaucoup de mes peurs de l’époque ! La question aujourd’hui étant : comment faire dans le présent pour éviter un futur aussi catastrophique ?
Un recueil a été publié en version numérique, où vous pourrez découvrir les autres récits lauréats.
Le Domaine des prières
Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas écrit. Et encore plus longtemps que je n’ai pas écrit à la main. Il n’est pas épais ce carnet que l’on m’a gentiment donné, un carnet avec des lignes comme à l’école. Tant pis, j’aviserai quand il se terminera. J’avais un stylo dans mon sac, heureusement que j’y ai pensé en partant de chez moi, un miracle que j’y aie pensé et qu’il soit encore dans mes maigres affaires. D’ici la fin de ce carnet, d’ici la fin de mon stylo, je peux faire un peu de tri dans ma tête, dans ma tête folle posée sur mon corps douloureux.
Je ne sais plus trop où est le haut le bas le bien le mal la normalité le dérèglement les gentils les méchants. Nous sommes en mars je crois, année 2036. Je dois être quelque part dans la campagne autour de Nantes, dans un village enclos par des sortes de remparts. Par miracle on m’y a acceptée. Je devais avoir une allure inquiétante, je devais avoir l’air mal. J’étais mal, je suis mal. Ça me fait pleurer de me le dire, de me l’écrire, de me le formuler ce soir : ça va mal, je vais mal, tout va mal. Mais je crois sentir que je suis enfin en sécurité. Pleurer enfin m’a fait du bien, je vais déjà dormir.
________________________________________________
Difficile d’avoir de l’intimité, impossible d’avoir du temps pour moi, mais je suis en sécurité, je crois. Je dors sur un lit de camp dans une grande salle. Ici ils ont de l’eau, en quantité limitée, mais que l’on peut boire et avec laquelle on peut se laver. Je n’ai pas vu beaucoup de monde. Une poignée de nouveaux comme moi, et 2 ou 3 personnes d’ici qui s’occupent de nous. Nous avons passé quelques tests médicaux, sans doute pour vérifier que nous avons échappé aux dernières épidémies. J’étais surprise qu’ils aient du matériel médical. Ces gens paraissent moins sur les dents qu’au dehors. Pas non plus aussi “normaux” qu’avant, évidemment. C’est fou la vitesse avec laquelle tout ce que l’on considérait comme normal a été remplacé par un nouveau paradigme chaotique…
Toujours besoin de dormir, toujours le corps et le cœur douloureux, mais envie d’écrire pour ne plus être prise dans le flux sans rien en comprendre. La lumière se coupe bientôt je crois, il semble que
________________________________________________
Je me suis trompée, nous ne sommes pas tout à fait près de Nantes mais plus au nord, au bord du golfe du Morbihan, près de la petite ville de Billiers. De toute façon, je ne savais pas où j’allais, je suivais les on-dit des compagnons de voyage et des gens croisés. J’étais égarée par la douleur, animée par la peur du danger, je poursuivais mon espoir de trouver un abri. L’endroit s’appelle “le Domaine des Prières”. Si j’avais encore de la foi, je dirais que mes prières se sont exaucées. Trop tard. Si j’avais encore de l’humour, j’en rirais peut-être.
Je ne comprends pas combien de temps la lumière reste allumée le soir, jusqu’à quelle heure je vais pouvoir écrire. C’est un peu anxiogène mais mieux que rien évidemment. Je me demande même comment ils font pour avoir de l’électricité ici alors qu’il n’y en a presque plus nulle part. Je me renseignerai.
________________________________________________
J’ai à nouveau été réveillée tôt, ai participé à la vie de la communauté, partagé leurs repas. C’est miraculeux, ils font 3 repas par jour. Pas opulents, mais ça ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. C’est bien organisé, à tendance stricte : on ne me demande pas si je préfère bêcher le potager, éplucher les légumes ou passer le balai. Ce fut bêchage pour moi. Soit. On m’a dit que j’aurai peut-être une chambre à moi quelque part dans le village, dans une des maisons partagées. Soit. Il me faudra attendre un conseil de la communauté du Domaine, prévu dans une dizaine de jours, où ils font le point sur les rôles encore utiles au groupe et intègrent les nouveaux arrivants… s’ils leur sont utiles. Si j’ai bien compris, les tâches simples comme le bêchage ou l’épluchage, effectuées sous les ordres de “cadres”, sont réservées aux nouveaux comme moi. Difficile d’évaluer combien ils sont, mais même 100-150 personnes, ça représente tout un tas de biens et de services à fournir quotidiennement, et ça s’organise sans doute scrupuleusement pour tenir bon. Je me demande comment tout cela est pensé, comment ça a pu fonctionner et ne pas être envahi par le dehors. Réfléchir à ce qui se passe autour de moi m’empêche de penser à ce qui s’est passé avant. Avant : j’ai fui, j’ai couru, j’ai d’abord perdu tout ce à quoi je croyais tenir, puis j’ai perdu ceux à qui je tenais vraiment. Puis j’ai couru encore pour garder ma vie sauve. Puis je suis ici. Évidemment je pleure en écrivant ceci. Pleurer me fait du bien, c’est raviver la souffrance mais c’est me souvenir de l’amour. C’est me prouver que je suis en vie, et pas seulement mon corps. Mais quelle vie ? Pour combien de temps ?
La lumière s’éteint une heure après le coucher du soleil. Il y a peu de montres et d’horloges qui ont encore des piles, mais je crois que je peux vite prendre le pli sans avoir l’heure. Les nuits sont difficiles, il fait si chaud. Mais au sein de ces remparts, dans cette communauté organisée, ce climat déréglé est moins inquiétant que dehors. De toute façon, tout est mieux que dehors.
________________________________________________
Les tâches de la journée varient peu. Lorsque la météo est suffisamment clémente, on prépare la terre pour les semis, on sème. Il semble y avoir pas mal de terre dans le domaine. Des serres, même si elles sont moins nécessaires depuis une vingtaine d’années, tant les températures ont augmenté. Je ne sais même pas ce qui pousse, de nos jours, à cette latitude. La mer est à nos portes. Je me suis fait la réflexion qu’il y a une trentaine d’années, la mer devait être à quelques kilomètres. Sans doute que dans quelques temps le domaine sera englouti, et ça, les remparts n’y pourront rien. Mais il est trop tôt pour m’en soucier. Maintenant que j’ai un endroit pour me reposer, m’abriter, manger, j’aimerais m’assurer de pouvoir rester. Tout plutôt que de revivre ces derniers mois, à courir les routes, les forêts, les zones commerciales désertées. Ici dans ce carnet j’essaie de me focaliser sur le présent ou sur le futur proche. Repenser aux horreurs vécues me terrorise et me hante bien assez lorsque je lâche le carnet et le stylo et que j’essaie de trouver le sommeil. Je préfère ne pas penser non plus au futur plus lointain. Rester dans le présent.
________________________________________________
Je sympathise avec quelques personnes. Notamment avec le couple grâce à qui je suis là : Judy et Bastien. Je me rappelle d’une époque où on se demandait “tu fais quoi dans la vie ?”. Repenser à ça ne me fait même pas sourire. Bien sûr, ici, ça n’a plus de sens. On sait ce qu’on fait dans la vie : on fuit nos villes à feu et à sang, on cherche un endroit où survivre, on sauve notre pauvre peau, on pleure nos morts. Eux au moins ils sont deux. Ils viennent de Nantes. Ils m’ont raconté qu’ils ont cru pouvoir y rester, y survivre, malgré le manque de nourriture, malgré l’insécurité, malgré l’eau partout. Ils tenaient grâce à un réseau de distribution de fruits et légumes alimenté par le bassin vendéen. Et puis comme ils vivaient depuis toujours dans cette ville, ils y avaient des tonnes d’amis et de famille, l’entraide fonctionnait encore. Ils sont partis quand une milice a fait main basse sur le réseau d’alimentation. Mais aussi parce qu’une rumeur montait que la grande tour du centre-ville risquait de s’effondrer. Ils ont eu raison, la tour s’est effondrée, nous a-t-on rapporté. Eux connaissaient l’existence du Domaine des Prières, les parents de Bastien sont ici. Ce fut également mon aubaine. Je leur ai raconté quelques éléments sur moi, pas trop, pas envie de m’effondrer devant eux. Que je venais de Paris, à pied, que j’avais marché longtemps. Qu’à Paris et sur les routes j’avais vu des trucs merdiques. Que j’avais quitté la ville parce qu’on n’avait plus d’espoir d’y trouver à manger, que la violence devenait insoutenable, qu’on parlait sans cesse des épidémies. Que j’avais une famille. Que je ne l’ai plus. La lumière va s’éteindre, c’est dommage, je vais devoir essayer de dorm
________________________________________________
Les remparts me rassurent. Dehors, tout le monde cherche à se nourrir, à survivre, à n’importe quel prix. Depuis que nos vies se sont effondrées, j’ai vu des moments d’entraide incroyables. Des gens qui n’avaient rien à gagner à en aider d’autres, qui l’ont fait malgré tout. Des humains qui pensent qu’ils ont tout intérêt à chercher des solutions ensemble en petits groupes plutôt de se retourner les uns contre les autres. Seulement dans ce nouveau monde déréglé, effondré, et sans énergie, on est vite retournés à la loi du plus fort. Ceux qui n’osent pas utiliser la violence ne font pas long feu. J’ai eu la chance de pouvoir venir me réfugier ici grâce à Judy et Bastien, qui ont bien voulu m’inclure avec eux. Peut-être aussi grâce à un moment de pitié des membres de la communauté qui géraient le passage au moment où je me suis présentée… J’ai bien compris que la survie ou la mort ne tiennent pas à grand-chose, de nos jours. D’autres se sont fait refouler violemment, comme je l’ai été d’autres lieux où l’on ne voulait pas de moi, comme ces réfugiés que je voyais autrefois à la télévision. L’autre personne avec qui je discute, c’est la femme qui nous encadre le plus souvent, Annie. Je suis l’une des plus anciennes de ce groupe de nouveaux, ce qui m’a mise assez à l’aise pour oser lui poser des questions lors du repas de ce midi. Ma première question c’était l’électricité : elle vient principalement des algues. Depuis l’effondrement de l’économie, depuis que nos supermarchés sont aussi vides que les caisses de l’état, on ne pourrait plus fabriquer l’infrastructure nécessaire pour transformer de la biomasse en énergie. Mais le secret du domaine, c’est qu’ils y ont pensé avant tout ce bordel… Vers 2016, ils ont créé une communauté qui se voulait autonome, en pensant à l’avenir catastrophique qui se dessinait. D’où la production d’énergie, d’où les potagers. Les remparts sont venus après. À cette époque, moi, je rêvais de quoi ? De faire un emprunt pour acheter une baraque, sans doute, de partir au ski ou d’être en CDI.
Annie m’a dit qu’elle me ferait faire un tour, à l’occasion. Je n’ai pas vraiment le temps ni l’envie de me balader seule dans le domaine. Ici on sent vite qu’il vaut mieux rester dans le cadre. Je me demande si c’était aussi strict et organisé quand ils ont créé le lieu il y a vingt ans. J’imagine qu’il devait y avoir de la joie, des fêtes, des enfants. Il semble y avoir quelques enfants, mais il n’y a pas de joie.
J’attends ce conseil pour être mieux intégrée, pour avoir un endroit plus intime où dormir. Me réparer, reprendre une forme de vie.
________________________________________________
On m’a donné un formulaire à remplir. Équivalent de la question “vous faites quoi dans la vie ?”. Mes compétences, mes diplômes, mes anciens jobs. Une angoisse me vient, une angoisse que j’ai depuis depuis que je sens que ma vie va s’effondrer. Je ne sais rien faire. Je veux dire : je ne sais rien faire d’utile. J’ai eu un diplôme dans une école de commerce, j’ai été consultante, ça me rapportait beaucoup d’argent. Quand on a senti que notre pays, notre économie, notre état, notre confort, notre sécurité, allaient probablement s’effondrer comme les autres, j’ai réalisé que je ne savais pas faire de choses fondamentalement utiles pour nourrir ma famille. Je sais éplucher des pommes de terre, mais je ne sais pas comment les faire pousser. Je ne sais pas soigner quelqu’un, construire un mur, isoler un toit, fabriquer de l’électricité avec des algues, réparer des objets… Tout s’est écroulé, on a dû fuir, et j’ai oublié cette peur, remplacée par d’autres plus immédiates. Elle revient maintenant. Avant l’effondrement, Bastien travaillait comme développeur web. Les écrans qui étaient au centre de nos vies existent toujours, mais ils tous éteints. Sauf peut-être dans quelques bulles de richissimes privilégiés où l’ancien monde survit sous perfusion. J’ai bien vu quelques voitures, vitres teintées et sans doute blindées, sur les routes où j’errais à pied. Judith était illustratrice. Ils ne servent à rien non plus. Quelque part, ça me rassure, je ne suis pas la seule. Que vont-ils faire de nous ? Vont-ils nous faire une place, vont-ils nous dire de repartir ?
________________________________________________
J’ai pensé des tas de fois quitter mon boulot et apprendre autre chose. Quand j’en avais vraiment marre : du métro, de mon boss, du rythme à la con. Je disais à Jérôme que j’avais envie d’arrêter, pour ralentir, pour cuisiner, m’occuper des enfants, lire, apprendre à m’occuper des plantes. On en discutait dans le noir, dans notre lit. Ou alors peut-être que j’en parlais dans le noir et qu’il dormait déjà. Quoiqu’il en soit, le lendemain, tout reprenait comme avant. Comme tout ce qu’on a subi avant l’effondrement : les crises économiques, les scandales de corruption, les attentats, les vagues d’immigration, les inégalités, l’exploitation, les signes que le climat se déréglait. On s’est dit tant de fois “plus jamais ça”, et tout reprenait comme avant. Que ce soit pour moi ou pour tout ce monde qui allait à toute vitesse, je sentais une épée de Damoclès. Au fond de moi, je crois qu’il y avait la question : “jusqu’à quand ?”. Si je suis tout à fait honnête, je ne me souviens pas très nettement si j’avais cette question en moi à cette époque… Peut-être que je me sens si stupide de n’avoir rien anticipé que je me prête une intuition que je n’ai pas vraiment eue… En même temps, qu’aurais-je pu faire ? Peut-être mettre ma famille à l’abri entre de grands murs, comme là où je suis maintenant. Penser à tout cela me fait trop souffrir, je devrais rester dans le présent.
________________________________________________
Sur mon stylo il est écrit SYNECOR. C’est le nom de la boîte qui m’embauchait, avant. Ça remplissait ma vie. Ça me fait rire jaune, parce que c’est typiquement le nom de boîte qui sonne “World Company”. Sans parler du nom de ma fonction. “Consultante en quoi ?”, me demandait-on parfois courageusement. Qui voudrait me consulter maintenant ? Je ne sais foutrement rien. Je suis une abîme d’ignorance. Je n’ai même pas su correctement prendre soin de mes enfants, de mon mari, sinon ils seraient ici avec moi, à l’abri. J’aimerais bien ne plus revoir ce stylo, mais ce n’est plus comme avant, je ne peux pas me permettre de jeter un objet utile, car je ne suis pas certaine d’en avoir un autre en remplacement.
J’ai finalement réussi à gratter ce nom qui me rappelle trop mon ancienne vie. Je suis amère et j’ai peur, car le conseil approche et je ne sais pas s’il y aura une place pour moi, ici. Qu’est-ce que je vais devenir ?
Dehors je ne survivrai pas. Ça vaut peut-être mieux, mais il est difficile de se résoudre à sa propre disparition.
________________________________________________
Lorsque Bastien s’est fait licencier de son travail de développeur, il a visiblement passé son temps à réparer les objets de son immeuble. Quant à Judy, elle sait aussi dessiner des plans, qui seront utiles à la communauté pour reconstruire le Domaine plus loin de la côte, à l’abri de la montée des eaux. Lorsque mon tour est venu d’être présentée à tous, j’ai compris pourquoi ils m’avaient laissée entrer aussi facilement. Je vais pouvoir moi aussi leur être utile. Les femmes peuvent rester dans la communauté si elles acceptent d’être stérilisées. Sauf quelques unes chez qui tout fonctionne encore correctement, et qui ne feront pas défaut à un autre poste utile. Je vais être mère, pour eux. Je vais être à nouveau mère, mais je ne choisirai pas le ou les pères et je n’élèverai pas ces enfants. C’est ça, ou je n’aurai pas ma place dans le Domaine des Prières. J’ai quelques jours pour réfléchir.
________________________________________________
Si j’avais fait partie des premiers habitants de cette communauté, j’aurais pu y vivre avec mon époux et nos enfants. Entre les murs de ces remparts, mais relativement en sécurité, en bonne santé et avec des chances de construire un avenir. Je pense beaucoup à cela. Comment ces gens ont senti ce qui allait se passer, et surtout, comment ont-ils su réagir de manière aussi appropriée ? Mon mari et moi aurions-nous pu suivre cette même voie ? Sans doute y a-t-il une part de chance qui ne s’est pas présentée à nous ! Ce sont des questions douloureuses, car ce n’est pas le chemin que nous avons pris quoiqu’il en soit, et je me retrouve à faire ce choix impossible.
J’ai pu marcher dans le domaine. J’ai vu les services de sécurité chasser les intrus, renforcer les remparts. S’il est difficile d’accepter l’idée de sa propre mort, il est également très difficile d’envisager la peur, la souffrance, la douleur, la faim, le froid, la maladie, la violence. Et c’est ce qui m’attend dehors. Ce qui rend sa propre disparition difficile, c’est également l’idée qu’il n’y aura pas d’après, l’idée de la disparition de tout ce qu’on a connu, l’absence totale d’espoir. Mes enfants ont été emportés dans l’ouragan qui a dévasté nos vies, le père que j’avais choisi pour mes enfants a disparu lui aussi. Dans ce monde où les humains ont détruit leurs propres conditions de vie, toute notion d’espoir pour les générations futures semble vaine. Ici, il y aura peut-être un après. Peut-être que quelque chose pourra se reconstruire, en partie grâce à ce que je vais porter. Ce cahier est loin d’être terminé, mais je vais cesser de l’utiliser. Il m’aide à être clairvoyante, mais je n’ai aucune envie de l’être à présent.